Je suis Nantaise. Cet été, je ne pars
pas en vacances. Je reste dans ma ville. Revenue de loin depuis peu,
j'ai besoin de m'y retrouver seule, en tête à tête avec celle qui
m'a vue naître, où j'ai grandi, fait mes études, connu mes
premières amours... Je me réapproprie Nantes. Direction la prison.
Suivre la ligne verte, très peu pour
moi. Je préfère m'aventurer hors des sentiers battus. Bon, j'avoue,
lorsque j'ai su que l'occasion m'était donnée par Pick Up Prod,
pour la première fois de ma vie (et la dernière j'espère),
d'entrer dans une prison, j'ai dit « banco, yallah, zy-va » !
Située au cœur du centre-ville,
voisine du Radisson Blu (ancien palais de justice, à quand un hammam
dans les égouts et une chambre d'hôtes dans le pigeonnier de la
Contrie ?), l'ex-maison d'arrêt ouvre les portes de son greffe
à qui veut y pénétrer...
Avant que l'édifice pénitentiaire ne
se transforme en logement (social en partie), il fallait que je
visite les lieux encore pleins de vibes viciées par des années de
présence délinquante et répressive. D'autant que la bonne idée
d'ouvrir un endroit d'habitude fermé par définition est le prétexte
à exposer le travail graphique d'artistes urbains adroits et prompts
à manier des bombes de couleurs.
Hop, explosion de pigments !
Et du carcéral au viscéral, il n'y a
qu'un pas, comme le montre la fresque de Nosbé, faite d'un
embrouillaminis d'entrailles rougeâtres dégoulinantes et
oppressantes de sur-présence, aux protubérances aussi écœurantes
que ridicules (dans un coin, un ours en peluche écarlate),
dépeignant l'horreur de la condition de détenu dans toute son
affreuseté promiscue.
Le moins que l'on puisse dire, c'est
que ça ne donne pas envie. Mais l'expo vaut le détour, si ce n'est
le séjour.
« Entrez libre » jusqu'au
27 août 2017 place Aristide Briand