mercredi 26 juillet 2017

V.A.N (MES VACANCES À NANTES) : MDR (NOT)

Je suis Nantaise. Cet été, je ne pars pas en vacances. Je reste dans ma ville. Revenue de loin depuis peu, j'ai besoin de m'y retrouver seule, en tête à tête avec celle qui m'a vue naître, où j'ai grandi, fait mes études, connu mes premières amours... Je me réapproprie Nantes. Direction la prison.

Suivre la ligne verte, très peu pour moi. Je préfère m'aventurer hors des sentiers battus. Bon, j'avoue, lorsque j'ai su que l'occasion m'était donnée par Pick Up Prod, pour la première fois de ma vie (et la dernière j'espère), d'entrer dans une prison, j'ai dit « banco, yallah, zy-va » !

Située au cœur du centre-ville, voisine du Radisson Blu (ancien palais de justice, à quand un hammam dans les égouts et une chambre d'hôtes dans le pigeonnier de la Contrie ?), l'ex-maison d'arrêt ouvre les portes de son greffe à qui veut y pénétrer...

Avant que l'édifice pénitentiaire ne se transforme en logement (social en partie), il fallait que je visite les lieux encore pleins de vibes viciées par des années de présence délinquante et répressive. D'autant que la bonne idée d'ouvrir un endroit d'habitude fermé par définition est le prétexte à exposer le travail graphique d'artistes urbains adroits et prompts à manier des bombes de couleurs.

Hop, explosion de pigments !

Et du carcéral au viscéral, il n'y a qu'un pas, comme le montre la fresque de Nosbé, faite d'un embrouillaminis d'entrailles rougeâtres dégoulinantes et oppressantes de sur-présence, aux protubérances aussi écœurantes que ridicules (dans un coin, un ours en peluche écarlate), dépeignant l'horreur de la condition de détenu dans toute son affreuseté promiscue.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne donne pas envie. Mais l'expo vaut le détour, si ce n'est le séjour.

« Entrez libre » jusqu'au 27 août 2017 place Aristide Briand


L'AFRIQUE C'EST CHIC



On le sait depuis longtemps, la tendance Africa Chic ne cesse de monter en puissance. C'est au tour de la Fondation Louis Vuitton de le démontrer avec Art Afrique, expo de talents plasticiens sud-africains, à « choufer » in situ avenue Gandhi à Paris jusqu'au 4 septembre 2017, ou bien en ligne :

UNE SAISON CULTURELLE QUI VAUT SON PESANT D'OR(VAULT)

Vous connaissez Orvault ? A y regarder de plus près, cette charmante petite ville de l'agglo se targue d'un Château de la Gobinière, qui, transformé en espace culturel, offre une programmation de très grande qualité. Jugez plutôt :
  • le 22 février 2018, on y jouera la pièce de théâtre Going Home, inspirée de l'histoire vraie de Michalak, jeune émigré africain adopté par une famille autrichienne et qui, confronté au racisme, cherche à tout prix à regagner l'Afrique !
  • En avril 2018, de la danse hip hop pointue (Marion Motin, la chorégraphe de Christine & the Queens, entre autres, sera visible à la Fleuriaye de Carquef'), mais il y aura aussi du graff, des ateliers de calligraphie, de broderie d'art, une expo d'art textile, du théâtre d'objets pour enfants et pas que... 



    Création de l'artiste textile nantaise Liza Metzinger, qui proposera un atelier de broderie en janvier 2018. Talent!

    C'est officiel, les Orvaltais sont dosés en culture, si si !

WALLAY: L'APPEL DU BLED

Autre film vu dernièrement en lien avec l'Afrique : Wallay. Un jeune métis de cité se fait envoyer au Burkina Faso par son père, suite à un trop plein de bêtises en tous genres (vol, recel etc).

Sur place, en mode vacances, le petit frondeur n'en mène plus large quand son cousin (l'acteur Ibrahim Koma, qui a pris de l'épaisseur depuis son rôle d'enfant dans la série Sous le Soleil) lui annonce qu'il est supposé rester jusqu'au remboursement de la dette à son oncle (qui lui a confisqué son passeport). Surtout lorsqu'il est question de circoncision, d'initiation dans le bois sacré et de gagner des francs CFA à la sueur de son front en trimant sur des pirogues...

Le jeune acteur, Makan Nathan Diarra joue bien la caï' et, comme tous les dialogues sonnent vrai et que les images sont pourvues d'une magnificence tout aussi naturelle, le film réussit à émouvoir avec force mais sans forcer le trait, d'où son attrait.

Outre la leçon de morale qu'il donne, comme quoi un stage au bled mettrait du plomb dans la caboche à pas mal de monde d'ici, Wallay est un très beau morceau de cinématographie d'aujourd'hui, qui met en avant la profondeur des rapports humains et familiaux, l'importance du respect des origines et la gestion du choc culturel.

Affiche du film Wallay, bon kif!

MOSSANE: AMBIANCE (MAUSSADE) DE LA BROUSSE


Juin 2017, Espace Cosmopolis, l'asso Casa Africa Nantes organisait « Être et Naître en Afrique ».
Au programme, une exposition d'objets divers, de textes variés et des conférences autour du thème de la parentalité et de la filiation dans les pays subsahariens. 

L'occasion d'y voir un grand film : MOSSANE de la réalisatrice sénégalaise Safi Faye. Datant des années 1990, il raconte l'histoire de Mossane, jeune villageoise si jolie qu'elle attire tous les hommes, condition peu enviable au regard du drame qui se noue finalement... 

Bénéficiant de la lumière extraordinaire de la région du tournage, le Sine Saloum et ses mangroves mystiques, d'un scénario dont la simplicité permet d'accéder à l'universalité, d'un jeu d'acteurs touchant, sans chichis mais crédible, le tout mettant en valeur les croyances locales en l'existence et l'influence des "pangols" (esprits), cette fiction est un régal de belles images, de musique agréable, d'une langue sérère qui chante, pique et claque ainsi que de manières charmantes. Pure poésie. 


Image extraite du film Mossane, copyright Le festival des femmes de Créteil.


www.casaafricanantes.org

CINE CULTE

En juin dernier, le Cinématographe, situé rue de Strasbourg à Nantes, a gratifié son public d'un cycle dédié à Jean Rouch, réalisateur français des années 1960 qui inventa le concept de « ciné-transe » ou documentaire ethnique. Si vous avez loupé la projection de Moi, un Noir, que Godard qualifia en son temps de «pavé dans la mare du cinéma français » carrément, visionnez quelques-uns de ces métrages via le fonds de la médiathèque ou des sites de VOD style Arte.tv. 

Affiche du film "Moi, un Noir", à voir.

lundi 24 juillet 2017

CAMÉES AMÉRINDIENS


Indiana 001 est une série d'une dizaine de portraits surannés de femmes amérindiennes, jouxtant des mini-poèmes d'auteurs canadiens, installation imaginée par Eric Perraud.

Les photos sont retouchées, modernisées, sublimées : ces camées mettent en exergue, par le biais du beau texte et de la belle imagerie, les relations ou l'absence de relations entre ethnies partageant un territoire mais pas la même culture, et dont tout est tu ici, opérant in fine un rapprochement implicite.

Les clichés sont tirés de photos originales signées d'un certain Edward Sheriff Curtis, ethnologue américain.

En admirer deux sur la palissade du square du Museum d'histoire naturelle et monter voir la collection à l'étage du musée, jusqu'en janvier 2018.

Émotion garantie, âmes sensibles ne pas s'abstenir... 


CULTURE DE CITE SANS CLICHES


Réenchanter le quotidien d'un quartier pop', humaniser un tant soit peu l'environnement bétonné d'une cité HLM, voilà la prouesse d'un collectif de trois jeunes photographes nantais à l’œuvre sous le nom de IRIS PICTURES (Googlez-les pour voir). Attention, vous risquez d'en prendre plein les mirettes !

Si mettre de la poésie au pied des tours et des barres semble être une mission impossible, changez d'avis et venez faire un tour au Breil où l'art fleurit littéralement sur les façades pour mieux ambiancer ses rues.

Pas d'embrouilles au Breil

Outre la qualité visuelle des clichés de cette exposition d'un genre nouveau, baptisée « Destination Breil », leur contenu social met une bonne claque aux a priori et permet de relativiser le sort des habitants de ce quartier de Nantes où il fait bon vivre, quoi qu'on en dise.

Ainsi, apprend-on qu'à Thiès au Sénégal, des femmes cultivent en ville leur parcelle pour parvenir à une auto-suffisance alimentaire et médicamenteuse... Que dans certains pays d'Asie, trier les déchets est un métier très bassement rémunéré (40 € par mois !) et que sous d'autres cieux, atteindre la trentaine quand on est membre d'un gang est un record de longévité...

Afrique, Amérique, Asie sont les destinations de ce mini-tour du monde statique, donné à voir pour mieux le comprendre, le monde, tout en enjolivant le Breil-Malville. Les habitants sont également conviés à participer à des ateliers de portraits cet été, dont l'exposition sera rendue publique en septembre prochain. Elle est pas belle la vi(ll)e ?...




LES PHOTOS DE LAMSA, ON AIME CA!

Spottées dans les vitrines des Nouvelles Galeries du quartier Decré en juin dernier, dans le cadre de l'évènement « Africa Now » initié par les Galeries Lafayette Haussmann, les mises en scène imagées et imaginées par une Suissesse d'origine guinéenne, Namsa Leuba, remettent de l'art (et de la couleur) dans la photographie de mode, merci pour ça !

A leur vue, on a envie de se secouer sur des airs de « Mamaçay mamaça mamakouça » et de se saper comme jamais : mission merchandising accomplie... Chapeau l'artiste !

www.namsaleuba.com



DES TALENTS D'ICI CREUSENT UN SILLON POUR LA BONNE CAUSE...

  Comme pour la 1ère édition de PARAGES x P(ART)AGES, le Secours populaire a souhaité valoriser l’accès à la culture sous de multiples form...