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Création textile "coeur au repos" Annette Messager |
J'ai visité le Musée du textile &
de la mode de Cholet. Une heure de TER, quinze minutes de bus et me
voilà devant l'ancienne blanchisserie en brique et pierre, érigée
en 1881, qui cessa son activité en 1941. Le guide, Jean-Luc Raynard,
nous en apprend de belles sur cet endroit ouvert au public en 1995
(et qui, depuis 2015, consacre une partie de ses expos à la mode),
dont... et c'est fou, mais le saviez-vous ?!
- Les marques historiques dont la production est made in Cholet sont, entre autres, Newman, IKKS, Jean Bourget, Catimini et le Mouchoir de Cholet, marque déposée.
- Les mouchoirs à carreaux rouge, rose et blanc sont encore fabriqués sur place et font partie d'un savoir-faire patrimonial local, le port de la pochette et l'utilisation du mouchoir textile étant pourtant devenus des habitudes aussi désuètes que la chanson dédiée : https://www.youtube.com/watch?v=aIos2_226u0
- Les conditions de travail et de vie des 30.000 tisserands choletais qui officiaient encore au siècle dernier, font froid dans le dos: les chefs de famille aménageaient un métier à tisser dans la cave de leur maison, non chauffée, et passaient douze heures par jour à pédaler pour tisser et à peigner les fils produisant deux petits mètres de tissus, dans un environnement saturé d'humidité (pour que la toile soit plus souple) et de poussière de fibres, leur assurant tout juste pitance : ils avaient un jardin potager pour pallier les défaillances de production et envoyaient leurs enfants surveiller le séchage des linges étendus dans les champs la nuit ! Quelque 15.000 ouvriers avaient eux la chance de travailler en manufacture, 72 heures hebdomadaires, au blanchiment en cuves à respirer des effluves de chlore bouillant à longueur de journées. Une conférence consacrée au sujet est prévue le 18 novembre : museedutextiledecholet@gmail.com pour réserver une place, c'est gratuit.
- La révolution industrielle à la fin du XIXème siècle commença essentiellement par le textile en Angleterre. C'est en hommage à cette référence que le bâtiment où se situent l'accueil et la boutique est une sorte de serre nommée le Crystal Palace, du nom d'un célèbre lieu londonien. Le Royaume-Uni, exploitant alors le coton indien, se l'importait pour le transformer et le revendre aux Indiens ! D'où la présence d'un rouet sur le drapeau d'Inde, symbole de l'émancipation populaire non violente et décroissante menée par Gandhi.
- C'est Joseph-Marie Jacquard, du nom du fameux motif en losange ornant les pulls, qui aurait inventé l'ancêtre de l'ordinateur vers 1850 en automatisant la danse des navettes (bobines de fil des machines à tisser).
- PulpSoft est un logiciel de visualisation de motifs, permettant de modifier virtuellement les imprimés et coloris d'un vêtement, à tester librement sur place, et dont l'effet est assez bluffant.
La scénographie fait la part belle à
la technique, grâce à la présence de machines d'époque actionnées
par un personnel expert et d'annotations autour des objets par
lesquelles on apprend beaucoup, que ce soit en matière de
vocabulaire vestimentaire (carder, ensouple, braie, laize...), de
sociologie, de chimie ou d'histoire.
La force esthétique de l'exposition
réside dans l'architecture, l'aménagement des espaces et le jardin
de plantes tinctoriales, laissant le visiteur friand de mode sur sa
faim : la boutique, par exemple, n'est pas achalandée à
la hauteur de la prétention des lieux, et l'on eut aimé admirer
davantage de modèles de couture.
Pour vous faire votre propre idée,
allez-y, c'est gratuit le samedi pour le grand public et tous les
jours ouverts pour les scolaires, étudiants et profs !
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